Candidatures aux fonctions Académiques.

Elle n'avait été que trop absente dernièrement, avec ce séjour au couvent puis avec les occupations du Maine, mais elle profita d'un moment de répit pour passer à son bureau d'Académicien.

Elle marchait d'un pas rapide, détachant sa cape tout en marchant, faisant peu attention à ce qu'il y avait autour d'elle. C'était bien dommage, d'ailleurs, car l'endroit était magnifique. Mais elle aurait bien le temps d'admirer... plus tard... comme elle se le disait toujours.

Un mouvement dans la salle des pas perdus capta son attention et, bien que l'envie de passer tout droit fut très grande, elle ne pouvait, de par sa nature, ignorer quelqu'un qui avait, du moins l'espérait-elle, besoin de renseignements sur l'Académie qu'elle affectionnait tant.

Elle revint donc sur ses pas, car à la vitesse à laquelle elle allait, elle avait déjà passé la porte de la salle.
Elle passa une main rapidement dans sa chevelure, replaça sa cape verte d'Académicienne sur ses épaules, puis entra dans la salle.

Une dame s'y tenait, dos à elle. Elle la regarda un moment contempler les peintures et tapisseries, lui trouvant un air familier.
Elle toussota pour annoncer son arrivée et, lorsque la dame se retourna, ne put s'empêcher de sourire.

Erwelyn ! Mais quelle belle surprise !
Que nous vaut l'honneur de cette visite, madame Chambellan ?

Maistre Académique Nombre de messages : 44 Date d'inscription : 28/09/2009

Toujours dans le même état contemplatif, Erwelyn faisait le tour de la pièce du regard. Elle s'imaginait le nombre d'heures qu'il avait fallu à ces artistes peintres pour réaliser ces magnifiques tableaux, aux tisserands qui avaient agencé ces fabuleux tapis, aux orfèvres même qui avaient confectionné ne serait-ce que ce simple bougeoir en apparence, mais qui, de plus près, démontrait un travail minutieux. Le nez collé au chandelier d'ailleurs, elle n'entendit pas les pas s'approcher d'elle.

Un sursaut et un pincement de lèvres plus tard, du au toussotement inattendu et pourtant bien prévisible en ce lieu, elle salua chaleureusement Lys.

Bonjour Lys, je suis ravie de vous voir. Pour tout vous avouer, j'espérais justement tomber sur vous, étant donné que vous êtes la personne à avoir répondu à mes premières interrogations.

Elle prit une longue respiration et se lança, il n'était plus temps de reculer.

A vrai dire, j'espérais pouvoir proposer ma candidature aux fonctions académiques.

Proposer votre candidature ? Et bien c'est une bonne nouvelle, ça.
Vous avez un domaine en particulier qui vous intéresse ? Car l'Académie comporte six instituts pour le moment. Ceux de Linguistique, Lexicographie, Belles-lettres, Sciences, Politique et Histoire.

Elle plongea la main dans une poche de sa cape, et en sortit des clés. Heureusement elle en gardait toujours sur elle.
Elle les tendit à Erwelyn.

Pour vous faire une meilleure idée de l'Académie, voici des clés. Elles ouvrent certaines portes de chaque institut. Ainsi vous pourrez visiter à votre guise.

Vous n'aurez qu'à me faire demander une fois le choix fait.

Elle sourit à son Chambellan, puis prit congé. Son bureau l'attendait.

Anne avait suivi, du fond de la salle des pas perdus, l'échange entre Dame Lys et une postulante. Elle attendit que sa collègue tende les clefs pour s'approcher et se présenter.

Bonjour, Excellence. Bonjour, Dame, et bienvenue en ces lieux. Je suis Anne de Culan, Académicien en Chaire des Belles-lettres... et en manque de copistes !

Elle sourit, d'un sourire sans joie.

Si les Belles-lettres vous tentent, je serai ravie de vous faire visiter mon institut.

Maistre Académique Nombre de messages : 44 Date d'inscription : 28/09/2009

Erwelyn écouta avec attention Lys énumérer les différents Instituts et les mémorisa. Il ne fallait pas se tromper dans son choix, même si elle savait à peu près vers quoi se diriger. Quoique, tout semblait extrêmement intéressant, elle aurait finalement aimé travailler pour chacun d’entre eux, mais Aristote ne lui avait pas encore permis de se dédoubler, chose qui aurait été utile d’ailleurs dans certains cas.

Et bien, à dire le vrai je n’ai pas encore arrêté mon choix, tout me semble réellement fort attirant.

Elle regarda Lys fouiller dans sa cape et la vit sortir avec étonnement un trousseau de clé, tout comme un magicien pourrait faire sortir un lapin d’un chapeau. Erwelyn attrapa les clés tendues et remercia Lys avant que celle-ci ne s’éclipse pour d’autres lieux.

Je vous remercie et vais en faire bonne usage. J’espère seulement ne pas me perdre en cet immense palais.
Je n’hésiterais pas à revenir vers vous une fois mon choix fait.

Un sourire. Quiconque connaissait le médiocre sens de l’orientation du Chambellan savait qu’elle était malheureusement sincère à cette réflexion. Elle était capable de se perdre en sa propre chaumière…
Elle allait donc commencer son périple au sein du bâtiment lorsque une deuxième voix se fit entendre.

Bonjour Dame, je suis Erwelyn, et comme vous l’avez constaté, fort intéressée pour proposer ma candidature au sein d’un de vos Instituts.
Toutefois, je ne sais encore vers lequel mon choix va s’arrêter.

Elle eut un petit sourire à sa remarque sur le manque de copiste. Lys lui avait elle aussi fait part de cet état de fait pour l’Institut dont elle s’occupait.

Je vous remercie et accepte votre proposition de visite, cela m’évitera de me perdre dans ces immenses couloirs qui plus est !

Maistre Académique Nombre de messages : 44 Date d'inscription : 28/09/2009

Erwelyn avait fait le tour de l'Académie avec attention. Elle s'était emberlificotée de temps en temps avec son trousseau de clé, mais était finalement venue à bout de toutes les salles dont elle avait accès.
Le choix n'avait pas été facile, mais il s'était finalement porté sur l'Institut d'Histoire de France.
Comme lui avait proposé Lys, elle l'attendait donc maintenant pour lui faire part de son choix et savoir si sa candidature pouvait être retenue.

De retour aux ambassades après plusieurs semaines d'absence, Eloin se retrouva surprise par les changements effectués dans la salle des pas perdus.

Occupée à mettre en ordre ses notes en vue de procéder à la rédaction de la biographie de la comtesse, ainsi qu'à récolter des témoignages de personnes ayant eu à collaborer avec la dame, elle n'avoit point remis les pieds dans l'immense bastiment depuys la disparition du senher Francois Noel de Voltaire.

C'est donc une jeune femme émerveillée par la beauté et la qualité des tentures et des tapsseries qui passa la double porte d'entrée, le nez fixant les boiseries du plafond auxquelles venoit d'estre apporté un coup de vernis qui faisoit ressortir toute la noblesse du chesne massif, utilisé pour les pièces d'apparat de la batisse.

Distraite par ce spectacle, elle ne songea point à regarder devant elle, et entra litéralement en collision avec une matière dure. Baissant vivement la teste, Eloin porta son regard sur ce qu'elle venoit de heurter, et se mordit la lèvre en distinguant une silhouette humaine qui venoit tout juste de se retourner pour faire face à son agresseur.

Preste à se confondre en excuses, l'oblate ouvrit de grands yeux en reconnaissant son vis à vis.

Erwelyn ?!

Mes excuses...

Maistre Académique Nombre de messages : 44 Date d'inscription : 28/09/2009

Erwelyn était toujours dans le même état d’émerveillement au milieu de la salle, s’approchant quelquefois des peintures, d’autres fois des tapis, levant les yeux au plafond pour admirer toute la beauté du lieu lorsque que quelque chose, ou quelqu’un, la heurta sans ménagement.
Un bruit étouffé plus tard, elle se retourna pour découvrir qui était le responsable de la collision, ayant évité de justesse la chute au sol.

Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir Eloin devant elle. Enfin, la surprise n’en aurait pas été une si elles s’étaient croisées normalement, car elle savait qu’Eloin officiait en ces lieux, mais elle imaginait mal son homologue lui rentrer dedans de plein fouet en temps normal.

Eloin !
Oh, ne vous excusez pas, il n’y a pas de mal.
Je suis ravie de vous voir ici, d’autant plus que ma présence en ce lieu est en grande partie grâce à vous.

Un léger sourire naquit sur ses lèvres tandis qu'elle passoit une main sur son front, sentant une vive douleur à la racine des cheveux. Nul doute qu'elle aurait une bosse, d'ici à quelques heures !

Navrée de vous avoir ainsi bousculée, j'ai esté surprise par le nouvel agencement de ceste pièce. Voilà plusieurs semaines que je n'estois point venue icelieu, j'ai eu l'impression de découvrir à nouveau cet endroit !

Je crois que nous devons cela à dame Arielle, elle occupe depuys très peu de temps le poste le plus élevé de l'Académie, nul doute qu'elle aura voulu redonner un peu de jeunesse à ce vieux bastiment !

Je suys fort heureuse de vous voir également, je n'imaginois point vous retrouver à l'Académie en tous cas !

Grasce à moy ? Vous m'en voyez ravie... Avez-vous eu le loisir de visiter l'Institution ? Peut estre mesme avez-vous jà faict vostre choix ?

Maistre Académique Nombre de messages : 44 Date d'inscription : 28/09/2009

Erwelyn se pinça les lèvres à la vision d’Eloin se frottant le front. A coup sûr elle allait se retrouver avec une vilaine bosse, et c’était encore une fois en partie sa faute. Quoique cette fois-ci, ce n’était pas elle qui avait foncé tête la première et provoqué l’incident.

En effet, le lieu est vraiment sublime ! J’étais moi même en pleine contemplation lorsque vous… enfin… nous nous sommes percutées.

Elle eut un petit sourire à la réflexion de son homologue. Elle non plus ne se serait pas imaginée à l’Académie il y a quelques mois, mais il lui arrivait souvent de se lancer dans de nouvelles expériences. Elle devait cependant penser qu'Erwelyn la suivait partout... l'ambassade, l'académie...

Oui tout à fait, grâce à vous. Lorsque vous m’aviez reçue en votre domaine pour m’entretenir au sujet de l’orphelinat, ce poste de copiste que vous teniez m’avait déjà paru très intéressant. Je ne pensais pas en être capable, mais je me suis dit après une discussion avec Lys il y a peu qu’il faudrait peut-être que je m’essaye pour le savoir.

Je viens de visiter l’Institution, et mon choix s’est porté vers l’Institut d’Histoire, pour laquelle j’ai un grand intérêt. Il est important de pouvoir transmettre aux générations futures l’histoire de notre beau Royaume.

Laurens de Gilraen, se présentait en ce jour en ce lieu prestigieux, pour déposer sa candidature, en vue d'intégrer cette Académie, si l'on retenait toutefois sa proposition. Habillé de manière élégante, il salua les gens rencontrés avec courtoisie et politesse, puis, après s'être fait indiquer le chemin, il vint remplit un petit formulaire, y apposant sa plus jolie écriture...

Citation :: Nous, Messire Laurens de Gilraen,

Proposons ici et maintenant en ce lieu, notre candidature en vue d'intégrer l'Académie Royale. Nous attestons être de bonne foi et sérieux dans nos affaires, et pouvons offrir à cette institution, un travail complet et poussé. En guise d'expérience, nous mettons en avant notre parcours dans la diplomatie, étant actuellement toujours Ambassadeur pour le Comté des Flandres. De plus, portant un intérêt particulier pour le domaine de la politique, nous souhaiterions, si cela était possible, intégrer l'Institut Royal de Politique. Toutefois, nous tenons à indiquer que nous sommes prêt à nous investir, dans la fonction qui nous sera proposée. En restant à votre entière disposition, nous vous adressons nos plus respectueuses salutations.

Mais où donc ai-je la tête ?

Dans les étoiles, sans doute... Quant aux pieds, ils ne devaient pas reposer sur terre, au vu de ce qu'il advint.
Le coche d'Anne, en route pour la HCJ, où elle devait rencontrer sa tante, n'avait pas fait dix toises que la jeune fille s'apercevait qu'elle avait oublié dans son bureau de l'Académie une pile de parchemins. Du vélin, pour être précise. Du beau vélin neuf, roulé en volumina bien réguliers, qu'elle destinait à la copie d'une œuvre majeure.

Bacchus ! demi-tour !

Le cocher, ainsi hélé, réagit sans réfléchir, à son habitude. Les chevaux furent contraints à une volte du plus bel effet, le coche suivit, au grand effroi des passants qui n'eurent que le temps de se plaquer contre le mur le plus proche. Le fer des roues fit jaillir des étincelles sur le pavé. Tout ça pour dix toises...
Mais Anne connaissait son cocher : inutile de lui faire quelque reproche. Au prochain "demi-tour !" il réagirait de la même façon. Sans un mot, elle se précipita dans l'escalier, furieuse de s'être mise en retard, et redescendit les bras chargés des précieux vélins.
Alors qu'elle franchissait la porte menant à la Salle des pas perdus, elle se heurta l'épaule au montant, gênée par son fardeau, trébucha, se prit le pied dans l'ourlet de sa robe, et s'affala de tout son long.

Norf de norf !

L'exclamation de douleur et de dépit n'aurait certes pas plu à feu son frère, qui ne supportait pas que l'on prononçât quelque mot de berrichon que ce fût. Mais c'était sorti tout seul.
Anne se releva aussitôt et là, horreur ! Elle n'était pas seule dans la Salle des pas perdus ! Un jeune homme écrivait dans le registre des candidatures.

Le parchemin laissé sur la table, tandis que le jeune garçon reposait délicatement sa plume, afin de prendre le temps de se relire correctement et minutieusement, et déjà, en son dos, un bruit sourd vint le sortir de sa concentration, l’interloquant soudainement. Se retournant prestement, Laurens aperçut alors immédiatement une demoiselle, qui venait de chuter avec fracas. Aussitôt, il vint tout naturellement lui porter assistance, lui proposant sa main pour l’aider à se relever, inquiet de savoir si celle-ci ne s’était pas blessée…

"Vous allez bien ? Vous ne vous êtes pas faites mal ?"

Ce devait être une belle chute, au vue du choc produit contre le sol. Venant aux côtés de cette jeune fille, qui pestait dans un juron inconnu aux oreilles de Laurens, le jeune ambassadeur vérifia que tout allait bien pour celle-ci, ne voulant pas se reculer trop rapidement, de peur qu’elle ne chute à nouveau, ou n’exprime une douleur quelconque…

"Laissez-moi vous aider à ramasser vos affaires s’il vous plait"

S’agenouillant à la suite, Laurens rassembla consciencieusement les parchemins éparpillés au sol dans la chute pour en faire un paquet, les tendant à cette inconnue, tout en se relever à son tour, pour lui faire face. Proposant à celle-ci de récupérer son dû, en lui présentant avec délicatesse et courtoisie, Laurens se permit à nouveau de l’interroger…

"Voulez vous que je vous trouve une chaise ? Je puis porter vos affaires si vous le souhaiter."

Horreur encore ! Il l'avait vue ! Et non seulement il l'avait vue, mais il venait vers elle, lui tendait une main secourable qu'elle ne vit pas, toute occupée qu'elle était à se draper dans son manteau vert et dans sa dignité mise à mal.

Vous allez bien ? Vous ne vous êtes pas faites mal ?

Non, je vous remercie.

Pieux mensonge... Son coude avait absorbé le choc, et la faisait souffrir. Mais c'était déjà bien assez humiliant de s'être retrouvée le nez par terre devant l'inconnu sans ajouter à celle de la chute l'humiliation de la douleur. Feignant de rajuster sa guimpe de deuil un peu dérangée par son contact avec le tapis, elle en profita pour crisper les paupières deux ou trois fois, afin de masquer les larmes qu'elle sentait poindre.

Laissez-moi vous aider à ramasser vos affaires s’il vous plait

Bon... Ça, passe encore. Pendant que l'inconnu était agenouillé sur le tapis, à rassembler les beaux vélins épars, Anne pouvait se consacrer discrètement à une remise en ordre de sa toilette. Il lui tendit le paquet, dont elle s'empara d'autant plus avidement que la masse de parchemins cachait fort opportunément son visage écarlate. Pourquoi crut-il bon d'en rajouter dans la compassion ?!

Voulez vous que je vous trouve une chaise ? Je puis porter vos affaires si vous le souhaiter.

Les prunelles bleues dardèrent sur l'inconnu un regard peu amène. La prenait-il pour une rombière, qu'elle ne pût chuter sans risquer de se briser un os ou deux ? Mais la colère fit presque immédiatement place à la honte, et Anne battit des cils, fort gênée de sa propre attitude. Voilà qu'elle rendait le jeune homme responsable de sa chute, alors qu'il n'avait cherché qu'à l'aider. Un timide sourire naquit.

Je vais très bien, je vous remercie. Veuillez pardonner ma maladresse, Messire. Je suis terriblement en retard. J'ai rendez-vous avec ...

Elle se mordit la lèvre. Non seulement elle allait se mettre à raconter sa vie à cet inconnu, mais encore elle se montrait terriblement discourtoise. Décidément ! Mauvaise journée...

Pardonnez-moi, je ne me suis pas présentée. Anne de Culan, Académicien en chaire des Belles-lettres.

Un sourire courtois et sincère, emplit de tendresse et douceur, tandis que son regard se perdait discrètement, et avec gêne, en ses yeux bleus ravissants. Face à cette inconnue qui se présentait poliment, Laurens s’inclina respectueusement, le haut du corps se penchant légèrement, avec droiture, tandis que sa main tenait son pourpoint plaqué contre son torse au niveau de son ventre, regardant le sol tandis qu’il adressait un salut à la jeune femme. Puis, se relevant avec élégance, l’ambassadeur se présenta à son tour, n’oubliant pas de garder cette réserve sur son visage de mise, tout en laissant le soin à ses yeux si expressifs, d’exprimer son amabilité à la demoiselle…

"Je suis enchanté Damoiselle de Culan. Laurens de Gilraen, ambassadeur."

Il avait noté que cette jeune femme était pressée visiblement, et ayant le soucis de l’indisposer le moins possible, celui-ci se décala légèrement, pour lui ouvrir le passage, vers la porte, afin que la demoiselle puisse retourner, le plus vite possible, à ses occupations. Gardant sa main sur son pourpoint, droit et impassible, Laurens ne pensait pas faire de rencontre de la sorte en sa vie. Parfois le destin pouvait jouer de bien curieux tours, et, amusé de la façon dont il venait de faire la connaissance de la demoiselle, il sourit un peu plus, gardant toutefois cette réserve de circonstance, l’endroit où il se trouvait se voulant être des plus dignes et sérieux…

"Ne vous excusez pas, je suis heureux que vous n’ayez point été blessé. Mais peut être accepteriez vous que je vous accompagne à votre carrosse ?"

Laurens pouvait bien prendre quelques minutes, pour accompagner la demoiselle, n’ayant pas été encore reçu en ce salon, il avait donc tout le loisir de proposer ses services à celle-ci. Et puis, ayant toujours été agréable, volontaire et disponible, il répondait toujours présent pour rendre service. Le jeune homme aimait à aider les gens, et peut importe leurs origines. Il s’avança lentement vers la sortie, tendant son bras pour désigner la porte simplement, affichant un air doux et délicat sur son visage, montrant alors sa bonne attention à son égard…

"Nous y allons ? "

Je suis enchanté Damoiselle de Culan. Laurens de Gilraen, ambassadeur.

Anne répondit par une inclinaison de tête et un nouveau sourire, plus appuyé, à la présentation du si obligeant jeune homme. Quel âge pouvait-il avoir, au fait ? Quelques années de plus qu'elle-même, probablement. Mais pas autant que Gabriel. Il restait encore sur le visage sérieux, mais aux yeux rieurs, des traces d'enfance, un bombement du front, une courbe douce de la mâchoire. Quinze ou seize ans, tout au plus, décida Anne.

Ne vous excusez pas, je suis heureux que vous n’ayez point été blessé. Mais peut être accepteriez vous que je vous accompagne à votre carrosse ?

Ambassadeur ? Eh bien, Excellence, nous voilà un point commun : je suis Chancelier de ma province.

Les élancements de son coude s'estompaient. Elle en serait quitte pour un beau bleu.

Nous y allons ?

Ma foi... Je suis déjà si en retard que ma tante ne m'en voudra pas davantage pour dix minutes de plus.

Les vélins pesaient sur ses bras, elle les déposa sur la table où le registre était resté ouvert. Ce ne fut qu'en jetant un oeil distrait à la signature du jeune homme qu'elle prit vraiment conscience de son nom.

De Gilraen, avez-vous dit ? Seriez-vous apparenté à Dame Arielle ?

Déjà, elle cherchait des ressemblances avec le Grand Académicien, tandis que sourdait en elle une question bien troublante : pourquoi s'intéressait-elle à ce postulant, au lieu de filer à la HCJ ?

Surprit tout d’abord, puis heureux, et finalement rassuré de voir là une collègue à vrai dire, Laurens se sentit soulagé, et afficha un sourire plus franc et profond encore. Lui adressant un signe courtois de la tête, en revenant sur ses pas, pour continuer la conversation avec la demoiselle, le jeune homme l’écouta avec un vif intérêt, tout en éprouvant une farouche curiosité quant aux autres fonctions que pouvaient bien avoir la Chancelière. Lui-même espérait un jour devenir Chancelier des Flandres, la diplomatie étant une passion dans la famille de Gilraen, il était tout à fait normal et envisageable que le fils héritier s’engage à son tour en cette voie. Véritablement intéressé par cette révélation qui lui offrait Anne, Laurens acquiesça la nouvelle avec enchantement…

"Oh vraiment ? J’en suis heureux. Moi-même je souhaite devenir un jour Chancelier, si toutefois l’on me juge capable d’assumer pleinement cette fonction. La diplomatie est une passion pour moi, j’affectionne le contact entre Comtés et Duchés, établir et entretenir ce lien entre les Conseils. "

Effectivement, à entendre parler de ce métier, cette charge par le jeune ambassadeur, l’on comprenait aisément que cela lui tenait réellement à cœur, et il paraissait évident que celui-ci remplissait ses obligations, ses devoirs, avec la même ferveur que celle exprimée en ses paroles. Ravi que la diplomate puisse trouver quelques minutes supplémentaires pour rester à converser avec lui, le jeune fils héritier, qui remarquait alors que son âge ne devait pas être beaucoup plus avancé que celui de son interlocutrice, plissa légèrement le regard, à l’évocation de son nom de famille…

"Assurément oui, Dame Arielle se trouve être ma mère"

Bien sur, Laurens savait pertinemment que sa mère se trouvait être une Grande Académicienne Royale, et sa présence ici en ce jour pouvait porter à bien des mots. Il avait l’habitude qu’on associe sa présence, à celle de ses parents, ou à son nom de famille. Fier de celui-ci, de son père et sa mère, il ne permettrait jamais toutefois qu’on lui nuise ou porte atteinte dans la morale…

"Elle est en charge de fonctions ici, mais je tiens à faire mes preuves en tant que Laurens de Gilraen, et uniquement avec l’aide de mes compétences, mon savoir, mon travail."

C’était souvent ainsi que cela se déroulait, lorsque le jeune homme se sentait remit en doute, ou en cause. Il était fils hérité, et souhaitait avant tout se faire un nom, non pas grâce à ses origines, à la facilité certaine que pouvait lui apporter son nom, mais bien grâce à son travail, son dur labeur. Grimaçant en prenant la mesure de sa soudaine réaction quelque peu excessive, vis-à-vis de cette demoiselle qui ne souhaitait certainement par remettre en cause sa présence ici, il se fit de nouveau plus doux et délicat…

"Puis je me permette de vous demander de quelle province êtes-vous la Chancelière ?"

Copiste des Sciences Nombre de messages : 17 Date d'inscription : 12/11/2009

Citation :: Par la présente, je fais part à l'Académie de mon voeu d'intégrer l'Institut des Sciences exactes et dogmatiques dirigé par la mère abbesse de Périgueux, Jan de Bohem.

Odoacre de Corinthe, évêque de Périgueux

Il n'était plus temps de se poser la question, et de toutes façons, ça ne servait à rien. Le jeune de Gilraen, qui se dirigeait déjà vers la sortie, fit demi-tour, manifestement sans déplaisir. Il se mit à parler de sa conception de la diplomatie, qu'Anne écouta avec une attention d'autant plus soutenue qu'elle recoupait la sienne.

Assurément oui, Dame Arielle se trouve être ma mère. Elle est en charge de fonctions ici, mais je tiens à faire mes preuves en tant que Laurens de Gilraen, et uniquement avec l’aide de mes compétences, mon savoir, mon travail.

Oh ! Nous voici un second point commun !

M'enfin ! Qu'est-ce que c'était que cette nouvelle manie de se chercher des points communs avec un parfait inconnu ? Anne se sentit rougir de nouveau, et fournit à son trouble une explication quelque peu tirée par les cheveux, mais qui avec un peu de chance passerait pour exacte.

Je veux dire, je ne suis pas la fille de Dame Arielle, bien sûr ! Mais mon père fut de son vivant Grand Académicien, lui aussi. Et moi aussi, je tiens à être perçue en tant que personne, et pas seulement comme membre d'une famille, même si je suis très fière du nom que je porte.

A vrai dire, ça lui serait probablement plus facile qu'à Messire Laurens, dans la mesure où son père à elle était mort depuis si longtemps qu'il ne restait plus grand monde pour se souvenir de lui. Allons bon ! Voilà qu'elle se sentait céder à la mélancolie. Elle rectifia la position, se concentra sur les paroles de son interlocuteur. Au fond, ce n'était pas si difficile. Il souriait de telle façon qu'Anne se sentait, pour une fois, non seulement entendue, mais écoutée. Seul Gabriel ... non, non : ne pas penser à Gabriel, ou les larmes allaient encore lui mouiller les cils.

Puis je me permette de vous demander de quelle province êtes-vous la Chancelière ?

Elle se jeta sur le dérivatif offert si opportunément à son chagrin, avec envers Laurens de Gilraen un profond sentiment de gratitude.

Du Lyonnais-Dauphiné, Messire. Je vis à Vienne, où ma famille s'est réfugiée après...

L'on sonnait vêpres à Notre-Dame. Anne se mit à empiler précipitamment ses volumes.

Mon Dieu ! Je dois absolument partir !

Course effrénée vers l'ouverture libératrice de la porte, arrêt brusque, et quelques derniers mots :

A vous revoir, Messire de Gilraen !

Aidée de Bacchus, Anne remonta dans son coche, le coeur battant la chamade. Bacchus fit claquer son fouet, le pavé sonna de nouveau sous les sabots.

Que va penser ma tante ? Quelle idée stupide de se mettre si en retard ! Me voici plus rouge et essoufflée qu'une poissonnière de la Halle.
Par le Très-haut ! Je n'ai même pas demander à ce messire quel institut il souhaitait intégrer. Pourvu que quelqu'un songe à lui donner des clefs !

On l’avait avisée d’une candidature portée par missive marquée du sceau du diocèse de Périgueux.
Décidément les manières de l’évêque sulfureux étaient toujours empruntes de la même désinvolture.
Elle ne doutait pas des capacités du vieux grec mais prît brusquement conscience que les risques encourus par leur recherche actuelle sur l’arquebuse deviendraient bientôt le cadet de ses soucis. Sans compter sur les fâcheuses habitudes prises qu’elle lui soit subordonnée au sein du diocèse et la difficulté qu’elle aurait de lui faire entendre qui est le chef à l’Institut

Elle rédigea une réponse sur le champ

Citation :: Votre Eminence,

En un sens les rumeurs qui circulent sur le dernier procès qui vous occupât en place d’Aristote éclairent bien le sens de la présente démarche auprès de l’Institut des Sciences c’est pourquoi je vous ferai grâce et dispense de m’exposer vos motivations.

Je gage que l’Institut saura trouver en vous un chercheur plein de talent toutefois je tiens à préciser et ce, afin que notre future collaboration s’épanouisse dans l’harmonie, que nos méthodes s’étendent bien au-delà de la scolastique.

Vous trouverez par la présente, le sauf-conduit qui vous ouvrira les portes de nos salles d’expérimentation de façon que puissiez le constater de vos propres yeux.

Dans l’attente fébrile de votre venue, (voyez que je sais y mettre les formes)
recevez, Eminence mes respectueuses pensées.

Jane de Bohem

Candidatures aux fonctions Académiques. - Page 14 Bannierevh5

Ecoutant avec attention les propos de l’Académicienne, Laurens ne pouvait qu’admirer le travail de celle-ci, qui cumulait fonctions et responsabilités, et qui pourtant, semblait trouver toujours autant d’énergie pour faire au mieux. Du moins, était ce l’impression que le jeune héritier percevait de la demoiselle, face à lui, dont il ne pouvait cesser de contempler la grâce et à la beauté. Perdu quelque peu en de douces pensées, le jeune garçon fut surprit alors de voir la demoiselle s’éclipser rapidement. Déjà en retard, le temps semblait jouer contre elle, et après une course énergique, elle disparut en son carrosse pour continuer à vaquer à ses occupations. Un sourire à la fois amusé et complaisant restait figé sur les lèvres de Laurens, très heureux de cette rencontre éphémère mais agréable, tandis que son cœur tambourinait en sa poitrine. Une infime chaleur avait gagné ses joues, et il resta ainsi à contempler la porte empruntée par Anne de Culan quelques instants auparavant, comme pour s’imprégner de cette dernière vision de celle-ci, avant de s’en retourner s’asseoir près du bureau des candidatures, attendant qu’on vienne l’accueillir, ou peut être dans l’espoir de croiser sa mère…

Justement, la mère en question s'approchait. Elle était sortie un moment prendre l'air loin de la touffeur de son bureau, où elle avait cru que ses yeux allaient lui sortir des orbites à force de réviser l'inventaire des clefs données à chacun - et parfois confisquées à d'autres.

C'est donc en toute simplicité que la Grande Académicienne rentra au Palais en traversant le Portique de son pas lent, ponctué par le bruit de sa canne sur le dur plancher.

Levant les yeux, elle eut un hoquet surpris en apercevant son fils, planté là, à attendre.

Laurens! s'exclama-t-elle au plus fort de son éternel murmure. Mais que fais-tu céans?

Question superflue qui n'attendait en fait aucune réponse. Sans cérémonie, elle alla embrasser son fils avec chaleur. Voilà un moment qu'elle ne l'avait pas vu... qu'il était bon de le retrouver!

Mon trésor, te voilà un homme! Comment vas-tu? Tu as bonne mine. Attends-tu céans depuis longtemps?

Avisant le formulaire dûment rempli, Arielle le saisit pour le parcourir prestement des yeux. Elle n'ajouta aucun commentaire, se contenant de donner son bras à son grand garçon.

Viens, allons discuter à l'Agora, nous y serons mieux.

Sursautant soudainement en entendant ce murmure familier, celle là même qui lui rappelait tant de bons souvenirs, suscitait tant de joie et d’amour, Laurens sourit avec tendresse en voyant sa mère venir à sa rencontre. Faisant fit du protocole, il vint immédiatement se blottir à elle, lui offrant une étreinte tendre et délicate, répondant à son baiser, la serrant contre lui avec affection, pour se délecter de son parfum, celui qui embrumait ses souvenirs d’enfance…

"Je vais Mère merci. Vous aussi êtes plus que radieuse. Je suis tellement heureux de voir, vous ne pouvez imaginer"

La contemplant avec toute cette douceur que pouvait avoir Laurens pour les siens, les gens qu’il aimait tant, et aussi fortement, il garda le silence, avant de venir glisser son bras dans celui de sa mère, pour marcher en sa compagnie, appréciant sa chaleur, son côté, sa compagnie qui lui manquait tant…

"Oh non rassurez vous, je n’attends que depuis peu de temps. Je suis venu me porter candidat vous savez et…"

Repensant soudainement à la rencontre faites juste avant l’arrivée de sa mère, Laurens sentit cette même et douce chaleur venir colorer ses joues, ne pouvant cacher son léger trouble, cette étrange sensation, quelque peu enivrante mais aussi surtout déstabilisante…

"J’ai rencontré une Académicienne... Anne de Culan qui était fort pressée d’ailleurs. Vous l’avez manqué de peu Mère."

Son regard pétillant et son sourire charmant donnait à Laurens cet air rayonnant de bonheur, débordant de tendresse pour sa mère, tandis qu’il l’accompagnait toujours…

"Et vous Mère ? Comment vous portez vous ? "

Regard en coin, prunelles pétillantes. La couleur aux joues de l'adolescent n'avait pas échappé à Arielle, qui connaissait son fils mieux que personne.

Damoiselle Anne, oui... c'est une jeune femme brillante, très compétente. Elle est la fille d'un de mes amis défunts, un ancien Ambassadeur royal.

Une pause pour réserver son effet.

Elle est une pucelle fort honorable.

Amusée, la comtesse nota qu'il commençait justement à être le temps de songer à marier son héritier. C'est qu'il grandissait vite, le mignon!

Je vais très bien merci, je ne manque pas d'ouvrage...

Et bras dessus, bras dessous, ils se rendirent à l'Agora pour placoter un peu.

Nombre de messages : 75 Duché/Comté : Béarn Date d'inscription : 25/04/2009

Pyrrus avait cru entendre une voix familière à travers les couloirs de l'académie,

Messire Laurens ! Comme on se retrouve, comment allez vous depuis le Béarn ? Very Happy

» Décrets Académiques