Candidatures aux fonctions Académiques.

La route fut longue et quelque peu périlleuse, notre homme était donc exténué à la suite de cela. Il avait besoin de se "refaire la cerise" avant de poursuivre son chemin pour l'académie. Il souffla un coup. Puis, il s'élança -oui, car son pas était décidé- et alla se présenter à qui de droit.

Adieu,

Je me présente Leone, futur résidant de Bourgogne. J'aime le vin, que voulez-vous. Bref, me voici en ce lieu afin d'intégrer l'académie. Mes motivations sont claires : être partisan de la connaissance et propager au travers des royaumes, la science sous toutes ses formes. Puis enrichir mon être au travers de mes futures collaborations. Mon "curriculum vitae" est inexistant -il faut un début à tout-, la franchise est chez moi, un principe fondateur.

Il aurait du prendre de quoi se rassasier. Son estomac n'arrêtait pas de le rappeler à l'ordre. Tel un maître avec son chien. On lui avait fait un bref descriptif des lieux, ainsi que des différentes académies. Même si toutes valaient le détour, l'une d'entre elles, l'intéressait davantage. Il desserra son col, et réajusta sa tenue avant de répondre à la femme devant lui. Académicienne droite, maniérée qui aurait bien fait l'affaire du vieux. Peut être. Mais bon, les dames sont toutes prises - au sens propre, comme au figuré-. Aussi, il faut des fois faire la queue -sans mauvais jeu de mots- afin de ne serait-ce toucher le précieux sésame de cette peau si douce et des fois, bien pâle...

Et bien... Vous me voyez navré. Mais j'hésite entre deux corps de connaissances. Celui des "belles lettres" et celui de la politique... Ne prenez pas ombrage à cet état de fait. Votre académie est des plus légitime et intéressante. Les envies...Vous savez.

Mon dieu, les femmes arrivent en force ! Et le pauvre a l'impression d'être un bout de viande jeté aux chiens. Il faut que j'arrête avec mes références à ces chers canidés. -C'est une journée spéciale "30 millions d'amis" sans doute-. Bref, il écouta la nouvelle venue d'une oreille attentive. Que voulait-elle dire par "visiter" l'institut des belles lettres ? Était-ce une forme sournoise de recrutement par l'ignorance, ce que l'on nomme l'art de la tromperie ? Ou bien, une simple demande sans arrière pensées, en somme juste une proposition de visite au sens étymologique du terme ? Il s'approcha de la dame.

Bien. Quand vous dîtes visiter. Que voulez-vous dire ? Ma question peut paraître étrange mais je ne veux pas me fourvoyer concernant votre demande de "visite". Puis, une question tout autre. La politique, je sais ce qu'il s'y fait, du moins j'ai une petite idée. Mais dans votre institut quels sont les projets en cours ?!

Les personnes ici présentes étaient assez surprenantes. A savoir, si l'institut des sciences faisaient des expériences sur ses propres membres. Il y avait de quoi faire. Entre la dame qui fait des "longueurs" étrangeté que voici. Et les manies de "remuage" de clés. La première dame lui fit grande peine. "Adieu donc", mon dieu ! Allait-elle se jeter du haut des remparts, juste après s'être pendue ?!! -Remarquez, que c'est techniquement impossible.-. Il ne pourrait laisser faire pareil chose. La situation était stressante et inquiétante. Cette dame était partie de manière étrange, avec une voix pleine de déception et de mélancolie...


Il n'y a pas mieux qu'un bûcher de Roux pour raviver l'étincelle dans les yeux de la dame. Sans doute que la chaleur enivrante d'un rouquin cuisant à feu doux, allait la remettre d'aplomb. Peut être ?! Leone, en tout cas, c'était le genre de truc, qui lui faisait péter l'feu ! -Sans mauvais esprit, là encore.- Il se souvint encore de la fête du roux, Bignoles. Un type droit, intègre et cuit à point. C'était le bon vieux temps. - Nous ne reviendrons plus sur cette histoire, c'est promis.- Qu'elle ne fut pas son anxiété, quand il la vit prendre le large. -On parle de l'académicienne dépressive là, suivez.-


Et voilà. Voilà que la nouvelle venue lui donne des clés. Une visite simple. Soit. Cette damoiselle n'est pas de manière à tromper. -Même si Leone n'est pas du genre jaloux.- Bien, il était devant un dilemme. Celui de savoir quoi choisir...Entre une institut qu'il avait eu prit le temps de visiter, sans ressentir un engouement véritable, mais où une charmante femme faisait office. Et une autre, où le labeur lui aurait été plus agréable. Que faire ? Prendre la chose qui nous plait, en laissant passer la possibilité de côtoyer au jour, le jour, un être descendu tout droit du paradis Solaire. Le problème était là. Pesant le pour et le contre. Il se dit que...-La suite au prochain épisode.-



Nan ! Il leva les yeux au ciel et prit -enfin- sa décision. -Il en met du temps c'couillon, hein.- Ô doux bas résilles ! Qui enchantent mes pupilles, d'un rouge éclatant et sanglant comme durant les jours de fête de la "guillotine" -machine provenant d'Italie du Sud à l'époque, puis c'était pour la rime, l'art de la poésie par un bourreau.-

J'ai pris ma décision. Et même si la chose fut fort délicate à trancher. Je pense me tourner vers l'institut Politique...

Ainsi, la boucle était bouclée. La dame des Sciences et maintenant celle des Belles Lettres, allaient partir déçue la mort dans l'âme. Ou presque.

Un instant ! Ne bougez pas !

C'est ce qu'il dit, juste avant de s'envoler. Prenait-il donc la fuite ? Avait-il prit peur face à cette future charge ? Que nenni. Il avait juste besoin d'aller vérifier un truc. Il sortit donc de l'académie et chercha des yeux une quelque conque indication. Oui ! Oui, c'était bien l'académie royale et non un harem. Tant de femmes, cela pouvait porter à confusion. -Non, pas qu'il soit misogyne, à la rigueur un peu mâle dominant mais rien de plus.- Bon. Il se recoiffa. Comment allait-il refaire son entrée ? Là était la question. Elles allaient le regarder bizarrement. Chose changeante de l'habitude. Étant donné, qu'il préférait attiser la terreur chez les autres.


En entrant donc, il fit mine de rien. De la droiture transpirait dans sa tenue. -Tenue, au sens de posture, hein. Et non de l'accoutrement. Imaginez les odeurs dans ce cas là.- Bref. Oui, soyons bref. Il observa les deux femmes présentes. Dans un coin, la charmante académicienne des Belles Lettres. Dans l'autre, une femme qui ne s'était pas présentée. Pas bien grave, lui non plus n'aimait pas les convenances. Puis, il était tellement célèbre - C'est beau de rêver.- qu'il n'en avait plus besoin.


L'vieux détailla une nouvelle fois la "Belle Lettre" -c'est son surnom du jour- il n'y a pas à dire. Il lui aurait bien compté fleurette, à sa façon toujours. Après tout, il dresse des bûchers pour les roux, il fait des descente de lit avec des hérétiques et organise des matchs de Soule entre lépreux, cela se joue au kit ou double. -Encore un mauvais jeu de mots.-


Bien que la chose fut fort distrayante, il avait hâte de se mettre à l'ouvrage. Aussi, il fallait accélérer un peu, le pas. C'est pas que ces dames ne soient pas de mauvaises compagnies. Mais il y a un début et une fin à tout. Les présentations avaient été faites. Le poste à pourvoir restait à déterminer.

Devenir copiste de cet Institut vous intéresserait donc ?


Il avait tout suivi et il s'était rendu compte qu'il allait être un peu seul, au sein de sa future institut.

Oui, c'est c'la même. Je désire intégrer l'institut politique en tant que copiste.

Anne avait à peine tendu les clefs au futur copiste qu'il disparut par le grand escalier intérieur, non sans avoir jeté au passage un regard dubitatif sur Dame Jane. Il se ferait à ses manières, s'il devait rester.

Bon... Au lieu de baguenauder, Anne, filez donc travailler.

D'ordinaire, elle était plutôt obéissante... du moins quand c'était elle-même qui se donnait des ordres. Mais le spectacle d'arpentage obligeamment offert par sa collègue était agréable à regarder. Une longueur de salle, un virage à angle droit, une largeur. Par Aristote ! C'était vraiment calculé au plus juste. Le mur avait failli faire les frais de l'enthousiasme tout académicien de Dame Jane. Hop ! Une largeur, et nouveau virage. Hop ! Retour du futur copiste !
Soit la salle des pas perdus était encore plus vaste qu'elle ne se l'imaginait, soit elle s'était assoupie entre deux longueurs de la dame de Bohem, soit Messire Leone était un sujet d'études rêvé pour l'Institut des Sciences : un homme capable de faire si vite l'aller-retour, ce n'est point monnaie courante, même à Paris, où tout va toujours plus vite qu'ailleurs, sauf les copistes académiques.

J'ai pris ma décision. Et même si la chose fut fort délicate à trancher. Je pense me tourner vers l'institut Politique...

On ne peut pas dire qu'Anne fut déçue. C'était si fréquent, cette répugnance à intégrer son institut - il faut avouer qu'elle n'était pas particulièrement coulante avec ses copistes - qu'elle s'y était habituée depuis des années. Elle hocha simplement la tête, prête à approuver le choix de Messire Leone.

Messire, soyez le bienvenu à l'Académie. Je crois avoir entendu que vous étiez intéressé par l'Institut de Politique ?

La Grande Académicienne venait de se porter à leur hauteur. Une révérence, et Anne recula de trois pas, laissant son aînée prendre la situation en mains. S'ensuivit un exposé parfaitement clair et documenté de Dame Sindanarie, qu'Anne écouta distraitement, l'esprit déjà ailleurs, du côté de la Commanderie des Dames Blanches.
Elle fut tirée de ses songes par un courant d'air. Eberluée, elle vit Messire Leone foncer vers la sortie. Le temps d'un échange de regards intrigués avec sa supérieure, d'un soupir désabusé, accompagné d'un geste d'impuissance des deux paumes levées vers le plafond, que déjà l'étrange impétrant revenait, cheveux en ordre, dos droit et cou raide. Sans doute s'était-il allé contempler dans l'abreuvoir, de l'autre côté de la rue, voire dans la Seine - Anne frissonna de terreur à cette idée vite chassée - pour se montrer sous un jour digne de la noble institution où il postulait.

Ma foi, c'est tout à son honneur, se dit-elle en rectifiant elle-même la position.

Un léger froncement de sourcils lui échappa. L'homme la contemplait d'un air qui ne lui plaisait pas. Encore un qui n'hésiterait pas, à la première occasion, à se moquer de ses formes enfantines et de son jeune âge...

Devenir copiste de cet Institut vous intéresserait donc ?

Oui, c'est c'la même. Je désire intégrer l'institut politique en tant que copiste.

Une bonne chose de faite. Messire Yodea serait probablement ravi d'avoir de l'aide.

Contemplatif, c'était de circonstance. Premièrement pour la dame qui faisait ses longueurs. Deuxièmement pour la jeune "Belle Lettres" et troisièmement pour la stature de la grande académicienne. C'était un ballet. Une drôle de danse où chacun des acteurs jouaient leurs rôles à merveille. -Danse, acteurs, quel serait donc ce mystère ?-


Usée, c'était les chausses de l'académicienne qui arpentait la salle. Comme un huit, sa début, ni fin. L'infini. Des pas les uns après les autres. Les raisons étaient obscures. Une excentrique ? Ou bien, une façon d'entretenir ses guibolles ? A moins que c'était un moyen de réfléchir. Pour sûr qu'il y avait, plus ou moins, de monde au balcon. Mais que les bougies familiales n'éclairaient pas bien tous les étages. A ce propos, il ne manquerait plus que l'Académicien en chaire de l'institut ne soit -ce qu'appelle Leone- un blondinet. C'est presque pire que les roux. -Surtout, si c'est un spécimen "femelle", une blondinette.-


Blanche, c'était l'être immaculé qui se tenait devant lui. Cette jeunesse oubliée pour Leone, qui brillait de milles feux chez "Belle Lettres". Ses joues ne rosissent point au regard du vieux. Il fut déçu. Sans doute, avait-elle déjà un prétendant ? Encore un de ces jeunes puceaux qui pullulent dans les royaumes. Ils rongent sans relâche les quelques fleurs qui restent, tels de vulgaires pucerons sur une feuille déjà bien assez bouffée. Et ces jeunes damoiselles, que l'on n'ose à peine nommer femmes qui se pavanent sans vergognes. Les choses changent bien vite. Leone ne comprend pas toujours ce qu'il advient de ce monde. Parfois, il semble être un vieux cheval à l'arrêt se faisant dépasser par de jeunes étalons sauvages. Quand à la "Belle Lettres", il était songeur en la dévorant corps et âme dans son esprit. Elle avait, ce qu'il n'aurait plus. Mais elle semblait bien farouche comme une chevrette, un jour de chasse. L'Leone reviendra mieux équipé, il n'est pas en état de traquer le gros gibier. -Enfin, gros façon de parler, là aussi.-


Royale, comme l'académie c'était la grande académicienne. Il n'irait point la déranger dans son bureau. L'vieux aime faire croire qu'il se débrouille très bien tout seul - même si ce n'est pas toujours le cas-. En d'autres lieux, en d'autres temps, il n'aurait pas répondu à toutes ces conventions. -Il aime pas ça, un point c'est tout.-

Messire, excusez-moi, quel est votre nom ?


Je me nomme Leone. En dehors du côté pratique de la chose, connaitre son nom allait sans doute lui servir à publier une "annonce fatale" -ouais, fatalement...-. Encore un coup à se faire mousser, il adore cela.

Hé ho ! Hé ho ! On rentre du boulot ! Hé ho ! Hé ho ! - A fredonner sans cesse. Mais il faut faire attention, cela peut pourrir une vie. Regardez Leone, par exemple....- Bon voilà, ses travaux avançaient gentiment. Il croisait chaque jour de nouvelles personnes, c'était plutôt enrichissant. Hélas, les échanges avec "Belles Lettres" étaient des plus rarissimes. - C'est un euphémisme.- Sans doute, devait-elle être débordée par des lettres en vadrouilles sur des parchemins noircis par d'élogieux récits, concernant quelques bonnes personnes de ce royaume. A quand l'éloge triomphal de Leone ? Pas encore, hélas. Il n'était pas pressé de mourir. Point l'envie lui prenait de se faire cirer les chausses avant d'être mis entre quatre planches de sapin, fraîchement coupés. Imaginez donc. L'humidité du sol ramollissant indéniablement la demeure funéraire faisant rappliquer bestioles en tout genre et moisissure. Et ne parlons pas du sapin, la sève coulant sur le masque mortuaire aurait vite fait d'étouffer ce bougre de Leone. Et puis, faut pas être claustrophobe, non plus ! - Remarquez, s'il est mort, il s'en fout. Mais sait-on jamais...-

C'est donc pour toutes ces raisons, qu'il ne doit pas périr. Même si, cela pourrait plaire à certains. Revenons sur ce fil, tel un funambule. - A force, on risque de se péter la gueule.- L'vieux vit un "jeune" à l'entrée. Encore un candidat à "l'académie célébrité" - Oui, je l'ai renommé hier soir. Elle n'est plus royale mais célèbre, maintenant. Ou alors, pour plaire à tout le monde : Royalement célèbre.-

Adisiatz Senhèr ! Je me présente Leone Salvatore Dario d'Ibelin, copiste au sein de l'institut qui vous sied tant. J'espère que les charmantes académiciennes vont passer ici lieu, afin de vous remettre vos clés. En attendant, avez-vous fait bonne route ?